[1922 - Event St Valentin] Mais qui a tué Marla ?

Depuis un certain nombre d’années, la saint-Valentin était un calvaire pour Katherine Plumcket. Kat, de son petit surnom avait désormais trente-cinq ans et était toujours autant célibataire. Dans sa jeunesse, l’ancienne actrice avait vu un certain nombre d’hommes défilaient à son bras. Elle avait été belle et admirée mais désormais, elle était revenue dans sa ville natale afin de retrouver ses racines mais surtout parce que Los Angeles l’avait peu à peu rejeté. Elle n’avait jamais été mariée et la vie semblait ne pas vouloir lui permettre un homme fidèle qui l’aimerait jusqu’à la fin. Si l’aînée des Plumcket était restée dans sa ville ensoleillée adorée, elle ne se serait jamais retrouvée dans ce bar à cette heure terrible de la soirée.

Assise à une table en compagnie de sa soeur, Katherine regardait Marla chanter sur la petite scénette installée dans le bar. Soudain, le noir complet, un hurlement. Tout se passe bien trop vite puis la lumière revient et ce fut le choc. Marla venait à peine de se faire assassiner dans la pièce même où tout le monde se trouvait. Le meutrier devait toujours se trouver dans la même pièce. Le sang de Katherine se glaça dans ses veines. Par réflexe, elle se précipita vers la porte mais celle-ci était verrouillée. « Nous sommes coincés ici. » Aucun moyen de s’en aller sans éveiller le moindre soupçon. L’inquiétude allait bientôt vite monté dans cette pièce unique.

HRP:

Les jours se répètent et se ressemblent pour Liselotte « Lizzy » Von Schönfeld, et ce depuis 16ans déjà. Un an avant qu’elle ne décide de suivre son mari qui avait envie d’Amérique : un an avant qu’il ne décide de s’enquérir de ce bar-cabaret et ne se lance dans l’idée de trouver de jeunes talents. Et dire qu’elle en avait été une, de jeune talent. C’est d’ailleurs ce qui avait plus à son mari, à l’époque. Il était subjugué par sa voix si forte, malgré une personnalité pourtant bien effacée…Et Lizzy ? elle avait été conquise par les belles paroles de cet homme mûr et sûr de lui. Il se sont mariés vite, trop vite ! Si elle avait su…

La Saint-Valentin ? Ce jour ne veut plus dire grand-chose. La seule attention qu’elle a, c’est une nouvelle parure de bijou…encore, et toujours. Avec un même mot, sans émotion, sans amour. Ce n’est donc pas étonnant que Lizzy ait le regard aussi fermé et blasé depuis plusieurs heures. Elle en a marre de faire acte de présence aux côtés de son mari alors que tout le monde sait, ce que ce dernier fait dans son dos avec d’autres femmes! Oui, elle n’était pas plus heureuse d’être ici, à entendre Marla chanter... La seule chose qui faisait plaisir à ses oreilles, c’était les notes de piano délicates joués par Franck…Ce cher Franck. Le seul qui lui donne encore envie de croire que l’amour n’est pas signe de désespoir.
Le drame frappa le Valhalla alors que personne ne s’y attendait, et une chose était sûre : Lizzy n’était pas prête de quitter les lieux…pas plus que les autres ici présent. Comme toujours, elle s'effaca derrière son mari, prenant son avant-bras entre ses mains, plus pour cacher ses émotions que pour soutenir son mari.

Jouer au piano était toujours un plaisir pour Franck, comme une renaissance. Il savait qu’il revenait de loin et qu’il ne pourrait plus jamais égaler le talent qui avait été le sien avant qu’on ne lui brise les doigts de sa main gauche. Néanmoins, il y prenait toujours autant de plaisir. Jouer, c’était sa façon à lui de croquer la vie à pleines dents, de s’offrir cette liberté que les blancs vivent sans même savoir ce qu’elle est en réalité. Marla l’accompagnait de sa belle voix comme tous les soirs. Il n’avait pas beaucoup d’atomes crochus avec elle mais il pouvait reconnaître un talent quand il en côtoyait un. Son regard se porta sur la salle et accrocha celui de la belle Lizzie. Son amante depuis quelques temps. Il espérait qu’elle passe une bonne soirée et que sa musique puisse la toucher. Puis soudain, la lumière s’éteint. Un hurlement. Les doigts de Franck sont en suspension au-dessus du clavier de son piano quand les lumières reviennent. C’est à peine croyable : Marla est morte. Assassinée. Il se lève pour s’approcher d’elle, posant ses doigts légèrement tremblant sur son cou. « Elle est morte » dit-il sous le choc. Que s’était-il passé ?!

Essuyant consciencieusement des verres qu’il venait de nettoyer, Joe Williams le vieil ours observait d’un œil tranquille les personnes encore présentes dans le bar. Il n’y avait pas grand monde. Mais c’était du monde qu’il appréciait et inversement. En dehors d’une personne. La plupart des gens devaient être avec leur moitié pour partager un bon moment. Joe regrettait que sa femme ne soit plus là, elle lui manquait. D’un geste machinal, il tripota la petite croix en or qu’il portait autour du cou. Il le faisait toujours lorsqu’il pensait à sa femme. Après tout, c’était elle qui la lui avait offerte. Verres propres, il prépara une nouvelle commande avant de poser les verres sur le comptoir, appelant la serveuse. « Les commandes sont prêtes ma belle. » Il rangea les bouteilles utilisées tout en se trémoussant légèrement au son de la musique de Franck. A lui seul il parvenait à mettre une belle ambiance. C’était une chose qu’on ne pouvait pas retirer aux noirs. Ils avaient l’ambiance dans la peau. Peut-être que c’était pour cela qu’on ne les avait pas déjà tous lynchés. Au fond, Joe s’en fichait. Il savait que l’humanité ne se résumait pas qu’à une simple histoire de couleur de peau.

Alors qu’il préparait un nouveau verre, tout fut plongé dans le noir. Joe fit couler un peu d’alcool en dehors du verre et poussa un bref juron que personne n’entendit à cause du cri poussé soudainement. Joe se figea à ce son. Que se passait-il ? Ce n’était pas juste un cri de surprise mais un cri d’effroi, de douleur. La lumière revint alors, dévoilant le corps de Marla dans une flaque de sang. Par réflexe, Joe fit un signe de croix tout en sortant de derrière son comptoir pour s’approcher rapidement de la femme blessée. Bien qu’il sentait qu’elle risquait de le menacer à nouveau si jamais il osait la toucher, il s’en moquait. A quoi servait-il s’il ne pouvait pas aider son prochain ? Mais Franck fut plus rapide, annonçant qu’elle était morte. Joe se figea, perturbé. Il y avait un tueur parmi eux. A moins qu’il ne les ait juste enfermés après avoir accompli son méfait mais il en doutait. « On devrait tous se réunir, au cas où… » Pour éviter que quelqu’un ne disparaisse par exemple. Joe décrocha une tapisserie murale et vint la poser sur le corps de Marla pour le dissimuler.

Arthur Marsh. Sexagénaire et ancien détective désormais déchu de son titre. Une seule erreur et le monde entier vous renie. L'homme, voûté au dessus de son verre de whisky, perché sur son tabouret de comptoir, écoutait et conversait avec le commissaire de la ville. Si son oreille était attentive, son esprit vagabondait bien loin, loin où il était un détective assidu et dévoué. Un bon détective qui n'aurait jamais commis une erreur aussi idiote. Ce soir, c'était l'éternelle fête des stupides amoureux. L'homme grommelait dans son verre que c'était une fête pour les enfants, l'amour n'avait pas besoin d'un jour pour être fêté. Il se redressa sur son tabouret en grognant de mécontentement, jetant un œil à coup d’œil à Marla. Sa voix niaise l'agaçait profondément. Puis soudain, ils furent plonger dans le noir. Un hurlement plus tard, la lumière revint et tous avait le regard braqué sur la scène. Marla avait perdu sa robe ? Il se tourna à son tour et fronça les sourcils. « Et merde... » L'homme se leva, son whisky à la main, titubant jusqu'à la scène. Chancelant, il se pencha vers le corps et sourit, se tournant vers le commissaire. « Non Inspecteur, ça c'est votre job ! Et sincèrement, je suis assez content qu'elle l'ait enfin fermé... Sa jolie bouche rougeoyante... Et je suppose que c'est le fait qu'elle se soit vidée de son sang qui l'a tué ! Mystère résolu ! » Grommela Arthur en reprenant sa place sur son tabouret d'une démarche dansante, un fin sourire ivre aux lèvres. « Joyeuse saint valentin !! » Clama t-il en levant son verre avant de le vider. La soirée allait être riche en rebondissement finalement.
@Astra R. Winters

Je parcourais la salle du regard d’un air satisfait. Ma satisfaction venait autant de la salle qui avait été remplie dès l’ouverture, et dont quelques habitués étrennaient encore les sièges même avec l’heure de fermeture si proche, que de la belle jeune femme qui donnait de la voix sur scène. J’étais particulièrement fier d’avoir trouvé une chanteuse aussi belle, et surtout, son caractère et sa résistance me donnaient des frissons. Me résister, à moi, Anton von Shönfeld ! Et oui, car malgré les nombreux on-dit, la jeune fille me résistait encore. Mais je ne désespérait pas de la faire céder sous peu. Pour l’instant, par bienséance, je me tenais aux côtés de ma femme. S’il y avait deux jours de l’année où je lui restait fidèle, c’était la Saint-Valentin, et notre anniversaire de mariage. J’avais beau être un goujat, je n’en avait pas moins de respect pour elle. Je lui avait même offert des bijoux !

Soudain, tout est devenu noir, et un cri perça le silence qui était tombé d’un coup sur la salle. Lorsque les lumière se rallumèrent, avant que j’ai le temps d’ordonner quoi que ce soit, quelle ne fut pas ma surprise de voire Marla allongée par terre dans une flaque rougeâtre. Aussitôt, la peur m’étreignit. Marla morte, on allait m’accuser ! Ou pire, accuser ma femme, qui avait une bonne raison d’en vouloir à la chanteuse d’après les rumeurs. Et cela pourrait signer la fin de ma carrière ! D’autant que rien que le fait qu’elle soit morte dans mon établissement allait m’attirer des ennuis. C’est rempli d’effroi que je laissais les autorités compétentes se charger de l’affaire. Après tout, je n’avais rien à me reprocher...si ?

HRP: